Journal d'une rédemption

Prologue

La porte s'ouvre et votre hôtesse s'écarte pour vous laisser passer. La pièce est sombre, les rideaux tirés laissent à peine passer les derniers rayons de cette fin de journée à Hurlevent. Si ils ne faisaient pas obstacle au regard, on aurait une vue plongeante sur le port en contrebas. Une odeur âcre vous prend à la gorge, mélange de renfermé et d'un curieux mélange doucereux, relents de quelques onguents et médecines exotiques.

« Entrez, entrez seulement et installez vous. » La voix est douce, basse et lente, néanmoins sa tonalité aiguë, résonnante, heurte désagréablement vos oreilles. La Draenei vous indique un fauteuil posé dans un coin, vers une petite table basse. Elle se tient debout au centre de la pièce, grande et maigre – trop maigre pour sa taille; elle fait presque une tête de plus que la plupart de ses soeurs de race. Une robe de velours d'un violet profond l'habille, lui montant jusqu'au cou, recouvrant ses poignets et allant délicatement tomber sur le sol. Seul son visage blême se détache de la semi-obscurité, avec ce regard brillant et glacial qui vous observe avec indifférence.

« Mettez vous à l'aise, je vous sert quelque chose peut être? » Tout en vous versant un verre sans attendre votre avis, elle ne cesse de vous observer. Puis, un mince sourire dénué d'émotions naît sur ses lèvres fines et décolorées. « Allons, cessez donc de faire semblant et exprimez le dégoût et la peur que je lis dans votre regard. Je ne peux cacher ce que je suis, mon regard et cette peau cadavérique, les cicatrices que je dissimule et que vous brûlez de voir avec une curiosité malsaine... Je vous répugne n'est-ce pas? » Le ton est comme le sourire: froid et complètement indifférent. Malgré ça, la Draenei fini par s’asseoir elle même dans un second fauteuil faisant face au vôtre, sans prêter attention à une quelconque réponse de votre part. D'ailleurs, elle n'en attend pas. Sa voix s'élève à nouveau, à la fois envoûtante et terrifiante, brisant le silence pesant qui s'installe dans la pièce.

« Alors comme ça vous vouliez me voir? Je sais pourquoi. Et vous avez de la chance car votre maître est bien le seul qui puisse savoir ce que j'ai à vous raconter. C'est très personnel... et ancien. Non, ne m'interrompez pas. La mémoire est chose fragile et certains souvenirs ont tendance à s'effacer avec le temps. Et que la Lumière m'en soit témoin, mon temps fût long jusqu'ici. »

 

L'exil

Argus. Je n'ai jamais connu la planète d'origine de ma race, mais mes parents m'en ont tellement parlés que je pourrai vous décrire ses cités somptueuses, ses rues animées, ses paysages somptueux, comme si je les avais vus de mes propres yeux. Je suis née lors du long exil, des siècles après le début de la fuite. Ma naissance fût une fête parmi les survivants cloîtrés dans leur vaisseau. Mon nom complet signifie « La grâce de la Lumière », mais il est imprononçable pour vous; mon nom commun est Alyae, du second prénom de ma mère, Oa'Dann, de la famille de mon père. J'ai grandi et passé les premières années de ma vie entre les parois du vaisseau qui nous éloignait toujours un peu plus de notre passé, jouant avec le peu de compagnon de mon âge, découvrant le monde par les histoires de mes aînés.
Quelques années s'écoulèrent et quelques planètes hostiles furent visitées avant qu'enfin, un jour, une planète nous apparu comme le paradis promis. Draenor - le refuge des exilés.
Après tant d'errance, tant de fuite devant la Légion et devant nos propres frères qui nous avaient trahis, l'espoir revint parmi les coeurs. La Légion était définitivement perdue dans les limbes du néant – du moins tous l’espérions-nous, et une vie nouvelle pouvait débuter.

La vie

Quelques années après ma naissance, alors que notre communauté quittait une fois de plus une planète qui se révéla impropre à notre installation, ma vie changea à jamais avec l'arrivée de ma soeur, de 11 années communes ma cadette. Dès lors, je ne la quittais plus et avec le temps, un sentiment fusionnel nous uni tandis que nous grandissions dans l'insouciance propre à tous les enfants. Notre lien était tel que parfois, nous aurions pu être jumelles tant nous nous comprenions d'un regard et tant l'absence de l'autre nous était intolérable. Nous faisions le bonheur et la fierté de nos parents comme celle de toute la communauté, portant sur nos épaules l'avenir de notre race.

Les oracles avaient parlés dès notre naissance, nous destinant à des chemins bien définis. Je suivi ainsi le chemin de le Lumière afin de devenir redresseur de torts, ou paladin selon vos termes, comme mon père, tandis que ma soeur elle, se destina à l'étude de la magie et des secrets des Arcanes. Malheureusement, nous étions encore jeunes adultes pleines de rêves et d’insouciance, lorsqu'un événement tragique nous fit revenir à la réalité. Notre mère, qui luttait depuis longtemps contre un mal insidieux contracté sur une des planètes qui avait fait l'objet d'études lors du long voyage, décéda et nous laissa seules avec notre père, atterrées de chagrin. Cela arriva au moment même où nous avions enfin trouvé un nouveau havre de paix que nous avions nommés Draneor, la terre des exilés. Notre mère eu juste le temps de voir par elle-même ce monde où tout était à créer.

Bien sûr, le deuil fait partie intégrante de nos vies et le chagrin fut très vite mis de côté. Pas de temps pour pleurer les morts dans un monde à reconstruire. Dès lors, ma soeur et moi, souvent, partions nous entraîner ou simplement nous détendre dans les vastes plaines. Les indigènes Orcs et nous ne frayions pas ensemble, ainsi nous avions une liberté totale pour explorer. Cependant, tout aussi assidues et sérieuses que nous pouvions l'être avec nos maîtres et pendant les entraînements, autant nous redevenions de simple jeunes femmes frivoles une fois revenues en ville. Malgré le fait que j’aie moi-même conclu un pacte d’engagement mutuel, voyez ça comme un mariage, bien des années auparavant, j’avais perdu mon homme depuis longtemps à ce moment là. Depuis cette mort, aucune de nous ne s’est jamais plus engagée sérieusement et, toujours ensembles, nous faisions chavirer le coeur des hommes, nous jouions avec avant de les échanger, de les jeter et de recommencer. Beaucoup ont tentés de nous séduire, pas un n'est arrivé à nous séparer. Et des deux je ne sais laquelle de nous était la pire... C'est ainsi que les jours passaient, entre travail et détente, insouciantes. Jour après jour, nous avons grandi, appris, sommes devenues des adultes accomplies et avons vécu dans une paix et une harmonie qui paraissait sans fin.

La fin

Et puis un jour, ce que nous n'osions craindre arriva. Nous fûmes retrouvés par la Légion. Oh bien sûr, nous ne l'avons su que bien plus tard, mais le mal était là. Je vous passerai le récit des combats et des atrocités dont nous fûmes témoin car désormais, cela fait aussi partie de votre histoire. Toujours est-il que notre famille se retrouva aux portes du vaisseau l'Exoddar, dernier espoir pour nous tous – une fois de plus, une fois de trop! Je me souviens encore de mon père, de son sourire forcé et de ses paroles murmurées alors qu'il se retournait pour repartir à terre ralentir les derniers attaquants et que moi et ma soeur étions poussées de force à l'intérieur. Nous ne devions jamais le revoir. Le reste, et bien... L'écrasement n'était pas prévu, bien sûr. Ma soeur et moi en avions réchappé sans être blessée, si ce n'est superficiellement. Une chance que tous n'ont pas connus. Grâce à l'aide des Kaldoreis, d’abords méfiants certes, nous avons pu rapidement avoir accès au reste du continent.
Et c'est là que mon histoire vous intéressera sans doute bien plus, car ceci n’était qu'une introduction.

World of Warcraft - Culte de la Rive Noire

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